Prospective Globale
Incertitudes  

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Infographie

Globalisation ?

Sous quelle forme se manifestera la globalisation ? 

La tendance générale est celle d’un processus qui peut revêtir plusieurs formes dont l’une d’entre elle est plus structurante que les autres :

  •  une forme intensive ou globalisation financière : accélération des échanges de services et pouvoir exorbitant des marchés financiers dans l’allocation des actifs avec comme moteur les innovations financières et le digital. Cette forme de globalisation ne concerne pas forcément toutes les régions du monde et ne se limite pas forcément à la planète et monde réelle ;
  • une forme extensive ou globalisation des chaînes de valeur : organisation des activités économiques autour de chaînes de valeur globalisées avec le phénomène de délocalisation, la montée des oligopoles combinant des modalités de fragmentation et concentration des activités permises par le numérique (fragcentration, glocalisation), les innovations industrielles, de transport, d’énergie et du vivant, généralisation du global sourcing et de l’off-shoring ;
  •  une forme exclusive ou globalisation post polaire : américanisation du monde même si elle est revisitée par des principes moins unipolaires mais dont le rôle ambivalent provoque tour à tour un repli autour de blocs régionaux et stimule l’émergence de pôles économiques globaux en vue d’une régulation soutenable du capitalisme, sans pour autant autoriser un effet de rattrapage ;
  • une forme inclusive ou globalisation enrichie : la possibilité de reprise en main du processus de mondialisation par d’autres régions ou cultures y compris africaines permet d’envisager un monde dont le centre de gravité se trouve ailleurs qu’en Amérique et en Europe, enrichissant du coup le processus de globalisation.  

Géopolitique ?

L’Afrique, à la différence des autres continents, n’a pas été entrainée dans des conflits violents permanents et de crimes de masse de l’ampleur de celles des guerres mondiales. On ne peut cependant s’empêcher, au vu de la carte des conflits mondiaux, de poser l’hypothèse d’un déplacement du « foyer perturbateur » de la région de l’Asie mineure vers l’Afrique. Les efforts pour éteindre les conflits en Afrique Centrale, du Nord ou de l’Ouest augurent de phénomènes de contagion.
Rien n’exclut une défaillance du socle culturel et religieux sur lequel l’Afrique a bâti sa réputation légendaire. Par ailleurs, les ressources du continent sont plus que jamais convoitées par les grandes puissances, les multinationales et les puissances criminelles. Du succès des efforts visant à sécuriser les populations susceptibles d’être touchées par ces fléaux dépendra l’avenir de l’Afrique en tant que paysage stratégique de la violence. Il existe cependant suffisamment de signaux tendant à accréditer que le continent restera une zone de paix relative. Les hypothèses sur la situation géopolitique sont les suivantes :

  • Espace homogène et relativement stable
  • Cohabitation formelle et foyers de conflits sporadiques pouvant dégénérer en conflits ethniques ou religieux violents ;
  • Prééminence de « clusters régionaux » ou de pôles économiques et de couples de pays (axes ou fusion entre des pays), malgré de sérieux problèmes de partage des ressources requérant des arbitrages politiques ;
  • Emergence d’un noyau de stabilité et d’ancrage culturel avec la valorisation accrue de la richesse culturelle et des principes de sagesse.

Régionalisation ?

Les modalités de régionalisation de l’Afrique sont multiples mais peuvent se classer dans les catégories suivantes :
  •  approfondissement au sein du même espace à l’instar des autres entités continentales ou fédérales 
  • participation à la mondialisation par le biais des espaces euraméricain ou eurasiatique sans que les bénéficies soient au rendez-vous ;
  • élargissement par attraction de régions voisines et percée mondiale dans le cadre des partenariats globaux favorisés par un nouveau climat de coopération au sein du système international ;
  • repli et retour à des politiques nationales du fait de l’échec des réformes, des conflits et de l’intensification de la concurrence entre les grandes et moyennes puissances pour l’accès aux terres et aux ressources

Disparités ?

La sécheresse et ses conséquences socio-économiques, les pandémies, mais aussi la dotation insuffisante en ressources et leur mauvaise gestion sont à l’origine des graves disparités. Il est possible que sous l’effet des politiques communautaires, ces disparités soient atténuées. En termes d’hypothèses la configuration future des disparités peut se formuler comme suit :

  • Atténuation des disparités grâce à un retournement climatique favorable ;
  • Accroissement des disparités entre les zones côtières et les zones continentales sahéliennes, entre les bassins fluviaux et les zones arides sous l’effet d’aléas climatiques (inondations, vents de sable, élévation de la température) ;
  • Harmonisation partielle et efforts de compensation grâce à une politique avisée de gestion des infrastructures communautaires et de répartition (approche fonctionnelle) ;
  • Transformation des disparités en complémentarités par les pays qui s’organisent sur la base bilatérale.

Resistances ?

Les peuples et les citoyens occupent une place centrale dans l’espace africain et lui donne un cachet particulier du fait d’un contexte historique et d’un héritage culturel. Les problèmes communs qu’ils partagent les amènent à soutenir l’intégration même en l’absence de structures efficaces ou dédiées et à combattre certaines de ses formes. Les manifestations se présenteront comme suit :

  • mobilisation contre la globalisation (activistes, altermondialistes) multipliant les capacités par l’usage intensif des réseaux sociaux du cyber espace 
  • à travers des groupes de pression organisés (partis politiques, syndicats, religieux instrumentés par des lobbies proches des pouvoirs en place) 
  • lassitude des assistés se traduisant un repli identitaire et une certaine dose de fatalisme 
  • émeutes urbaines de groupes de jeunes et de femmes populistes suivi d’exodes et de migrations massives traduisant une volonté d’échapper à leur conditions quitte à partir à l’assaut des forteresses européennes et américaines.

Pauvreté ?

La pauvreté est sans doute le fléau le mieux partagé dans l’espace africain malgré tous les programmes visant à l’éradiquer. Les pressions démographiques pourraient toujours s’exercer du fait d’une transition qui tarde à se concrétiser surtout dans les pays enclavés. La pauvreté pourrait s’accompagner de phénomènes migratoires de grande ampleur vers les zones péri-urbaines et les pays occidentaux dont les politiques seraient assouplies pour faire face aux problèmes aigus de vieillissement et de financement des retraites. Entre aggravation et réduction, les sentiers de la pauvreté restent encore largement ouverts :

  • aggravation et banalisation de la pauvreté touchant durement les enfants et les femmes et servant de foyers d’expansion de maladies contagieuses ;
  • apparition de nouvelles formes aggravantes de pauvreté dans les zones urbaines (mendicité, prostitution, pédophilie, trafic d’organes, suicides massifs et recrudescence des pratiques esclavagistes) ;
  • atténuation de la pauvreté avec des poches de paupérisation dans les zones enclavées ou laissées entre les mains de groupes rebelles ou terroristes ;
  • réduction significative de la pauvreté et de l’exclusion par un dépistage systématique des personnes gravement touchées.