ONU80 à l’épreuve de la science prospective
Sommaire
Introduction
1. Unies par la guerre ou science positive
1.1. Guerre contre la science et stagnation multimillénaire
1.2. XXe siècle : rupture de tendance
2. Unies pour agir ou science normative
2.1. Naviguer sans boussole
2.2. Agir dans le vide
3. Unies par la démocratie ou science prospective
3.1. Homo Scientificus Democraticus Existe. Je l’ai Rencontré !
3.2. Etalonner les qualités performatives de la démocratie
Conclusion
Introduction
L’ONU vient de célébrer le 80e anniversaire au son de cet avertissement : « Huit décennies plus tard, on peut établir un lien direct entre la création de l’Organisation des Nations Unies et la prévention d’une troisième guerre mondiale. ». « Mais pas la guerre ! » aurait pu ajouter le Secrétaire général A. Guterres. C’est sans doute pourquoi au tournant des années 2000 « …le Rôle des Nations Unies au XXIe Siècle » fait l’objet d’une intense réflexion, en particulier face à « tous ces défis » résumés en un mot par le Rapport Annan : mondialisation . « Nous les Peuples :… » ne fait cependant aucune référence à ses multiples formes. Surtout pas la première ou exclusive à l’origine de toutes les guerres depuis plusieurs millénaires. Ni à la seconde ou intensive qui les légalisent quand la Charte ne fait aucune référence à la démocratie en tant que principe fondateur d’un régime excluant toute forme de domination ou dépendance. « Delivering as One » ( DaO, 2006) et son évaluation indépendante (DaO, 2012) consacrent la forme intensive de la mondialisation à l’aide d’une théorie normative fondée sur une approche de type top-down popularisée par le glossaire OECD/DAC (Organisation for Economic Co-operation and Development/Development Assistance Committee ). Et « United to Deliver: UN80 Initiative United Nations Action Plan For Member State distribution (7 November 2025). Document défini comme un Ovni, n’étant ni une politique, ni un « blueprint » exhaustif, il propulse néanmoins ses cibles dans l’univers de la prospective, bien au-delà de 2.0. Une nouveau type de « plaque tectonique » ou une culture bionique ?
C’est ainsi que l’ONU emprunte la « voie royale » de la méthodologie normative. Sans toutefois assumer s’inscrire dans la forme intensive de la mondialisation depuis que « homo scientificus americanus » (J. McK Cattell. Science NS 17 (1903) : 561-570. 1903) supplante « europeanus », impose un régime de domination absolue à coup de chocs, crises, bulles et guerres au point de vouloir programmer l’équivalent d’une « plaque bio (tecto) nique » dès ce second quart de siècle. Au mépris des principes de la Charte, les appétits de "porteurs d'appel d'empire" surtout membres du Conseil de Sécurité (CSNU) feront cohabiter plusieurs autres : dépendance, accumulation, cohabitation, interdépendance, benign neglect , triple belt, bionic transformation... L’important est de s’inscrire dans la logique du « winner-take-all » et « starve the beast ».
Pourquoi en 2025, l’Onu prétend à nouveau « changer de paradigmes » dans la mise en œuvre de son mandat via « United to Deliver » ? Si c’est pour prouver que le CSNU est « une affaire d’hégémonies ou d’empires », dont acte. Par contre , si c’est pour ouvrir une porte discrète vers un nouveau régime, alors l’Onu devient l’unité d’analyse idéale pour la science prospective qui a fait d’immenses progrès depuis la dernière « guerre des paradigmes » à l’issue de laquelle une nouveau « Noyau Dur (Deep Core) fondée sur la méthodologie exploratoire supplante la science positive qui justifie toutes les guerres et la science normative qui aspire à un autre statut que celui de « couronne protectrice » depuis qu’un décret de type « Norms of Norms » tente de restaurer le 23 Mai 2025 la science de référence (Gold Standard Science) qui enferme l’Onu dans un régime de domination absolue.
L’Initiative ONU80 est directement interpellée. Pourquoi ne pas émettre un signal fort de bascule vers un nouveau régime (homo scientificus démocraticus ?) au lieu de rester un autre bruit confus du genre « unis pour agir » comme depuis deux décennies ? Répondre à cette question nécessite de soumettre à un examen critique la façon dont la science positive donne naissance à l’Onu avant que la science normative en fasse un cheval de Troie, ouvre la porte à la science prospective, pour anticiper les ruptures et enfin, à travers l’Organisation, aider les pays membres à en faire autant.
1. Unies par la guerre ou science positive
Reconstruire le scénario de l’évolution mondiale depuis plus de deux millénaires reste encore un sujet tabou voire impossible. C’est pourtant un passage obligé pour comprendre les liens inextricables entre la science, unique giga tendance et la guerre son principal facteur de rupture dont découle l’hypothèse d’une stagnation multimillénaire telle un invariant.
Un effort encore timide ouvre discrètement la porte depuis la publication de deux séries d’exercices par A. Maddison, limitées à la dimension économique jusqu'à l'an 1000 puis jusqu'à l'an 1 (The World Economy. A Millenial Perspective », Oxford, 2001 ; University of Groningen 2007). Cet effort est remis en cause par des critiques portant sur la validité de la démarche (S. Amin (2001) et la fiabilité des données (G. Clark 2010). La controverse porte essentiellement sur le niveau de vie entre différentes régions du monde (SD Sy . Faut-il imiter le modèle américain ? 2003). Elle sous-estime cependant le rôle de la science limitée à ses retombées technologiques. Elle ne remonte pas au début de la réflexion scientifique et technique à l'école ionienne (~585) qui prétexte être à l'origine de la connaissance et de la sagesse. Elle sous-estime celui de la guerre et de l'esclavage dans les épisodes de croissance économique et dans l’avènement des deux formes de mondialisation européenne ou exclusive puis américaine ou intensive. Ce débat rend néanmoins de plus en plus robuste l’hypothèse de stagnation qui transparait dans les tentatives de reconstruction du scénario de l’évolution mondiale dans une perspective multimillénaire. L’histoire est aussi à l’épreuve de la science prospective. Et si le XXe siècle n’était qu’un résumé de cette évolution à travers les péripéties de l’Onu ? Un bref retour en arrière permet d’y voir plus clair.
1.2. XXe siècle : rupture de tendance
Après deux guerres mondiales en 1945, 49 pays acceptent de signer la Charte créant les NU en vue de prévenir d’une troisième. Une naissance dans la douleur, célébrée aussi à coup de bombes atomiques. Le nom de baptême "Nous les Peuples" ambitionne tout simplement de consacrer un nouveau régime de domination absolue par les Usa. Était-ce le prix à payer pour sortir par la grand porte de ce siècle de la violence et de la terreur au bilan traumatisant avec 165 millions de victimes ? En tout état de cause, ce régime exclut du statut de nation empire tous les autres pays à commencer par les puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon, Hongrie, Bulgarie, Roumanie). Les Alliés (Royaume Unie, Union Soviétique, Chine, France), tous vaincus, sont néanmoins réhabilités au sein du Conseil de Sécurité mais assignés dans un régime de dépendance systémique à travers le Plan Marshall. Ce statut contesté par l'Union Soviétique déclenche la guerre froide entre l'est et l'ouest entrainant 144 autres pays dans l'un ou l'autre régime avant la fin du XXe siècle. La division en deux blocs fait le reste. De même que l'échec flagrant entre 1960 et 1990 de plus d'une cinquantaine de "Décennie Internationale des Nations Unies" y compris quatre pour le "Développement" quand, dans les années 90, plus d'un milliard de personnes vivent encore sous le seuil de la pauvreté.
La notion de régime employée ici ne renvoie ni au sens commun de type prédicat (alimentaire, matrimoniale...), ni à celui des paradigme en particulier à l'épistémologie politique relative au type d'état ( westphalien, jacobin, présidentiel, parlementaire...), aux attributs de la souveraineté (monétaire, militaire, fiscal, cyber...) encore moins à sa variante ethnolinguistique confessionnelle ou épistocratie. Le régime tel que défini ici est une attitude prospective quand elle anticipe et dans le cas contraire, « tout sauf prospective ». A titre d'exemple, dans le premier cas, l’Onu adopte un régime de type "interdépendance" ou "coexistence pacifique", anticipe chocs, crises y compris "plaques tectoniques" au sens propre et figuré du terme. A défaut, tous les membres de l’Onu sont doublement assujettis à un régime de domination absolue et de dépendance systémique vis-à-vis des Etats-Unis et du CSNU, indépendamment de leur variante relative ou structurelle. (Tableau 1)
Le double régime - domination absolue et dépendance systémique - fait de l'ONU un enjeu non un acteur capable de relever aussi des défis. La paradoxe est que l'organisation est malgré tout autorisée en 2000 à relever celui de la "mondialisation" présenté comme un trait marquant du XXIe siècle. Une façon subtile de la réduire à une seule forme, d'occulter la précédente et de célébrer la nouvelle. L' intensive ou américaine, symbole de son statut de Hegemon, remplacerait donc l'exclusive ou européenne à l'origine de tant de violence et terreur pendant plus de 2 millénaires.
2. Unies pour agir ou science normative
Au tournant des années 2000, le rôle des Nations Unies au XXIe siècle est au cœur d’une intense réflexion, en particulier face à « tous ces défis » résumés en un mot par le Rapport Annan : mondialisation . C’est ainsi que la "Déclaration du Millénaire de l'Onu" adoptée lors de la session plénière du 08/09/2000 la réduit à une seule et unique forme. Cette approche révèle toute la difficulté à s’inscrire dans une démarche prospective.
Pourtant, d’autres contributions au Sommet du Millénaire avaient dès l'an 2000 inscrit le monde et le système international dans une échelle d’incertitudes et de réponses (Tableau 3) à l’horizon d’un siècle, localiser l’Onu dans 4 scénarios en vue d'anticiper un XXIe siècle qui s’annonce dès les années 90 plein de ruptures. Des scénarios simplement « craftés » et sans « story telling » compte tenu d’une contrainte de délai élevé (15 jours pour chacune d’entre elles).
Entre temps, le monde est confronté depuis les Etats Unis à une série de chocs, bulles et crises dont celles provoqués dès le début du XXIe siècle, par l'attaque du 11/09/2001 qualifiée de "contre la démocratie". Une attaque qui ébranle son statut de Hegemon conforté par la fin de la guerre froide. On connait la suite : pour éviter l'effondrement du dollar, les principales bourses suspendent pendant une semaine entière toute activité et transfèrent le pouvoir de marché aux Etats Unis. Le reste du monde, qualifié "axe du mal" est malgré tout plongé dans la guerre, contre le terrorisme en particulier, pendant deux décennies. La très grande récession à la suite de la crise des subprimes fait dès 2008 le reste. L'Europe, principale victime, voit son projet d'euro monnaie internationale en état de léthargie. Pendant ce temps, d'autres bulles surgissent toujours l’état fédéral avant d'envahir la planète . L'art de "fomenter des révolutions reproductibles" restitue lui le statut de Hegemon, réduit la crise à du "benign neglect". La voie à la Digital Generation s’ouvre avec Dot.Com, Second Life, Culture Cloud ainsi que la course au titre de premier milliardaire du monde.
Alors que le reste de la planète se met laborieusement à niveau, une autre bulle s'annonce "Intelligence Artificielle" avant-courrier de l'équivalent d'une "Plaque Bio (Tecto) nique " fomentée à partir du Crypto-Quantique et porteur d'un message clair : Homo Scientificus Americanus (1903) sera Divinus au point de programmer l'obsolescence de toute cette économie mondiale en état de stagnation multimillénaire depuis l’irruption de l'école ionienne (~585).
Néanmoins, l’état de santé de Hegemon fait l’objet de multiples alertes, jugés mal préparés en cas de nouvelle guerre mondiale, au bord de la faillite budgétaire. Simple coïncidence avec celui de ONU80 qui sonne aussi l'état d'urgence résumé en quelques phrases : confrontée à un risque de « faillite » budgétaire ; appel à un « sursaut » ; ambition de transformer l’organisation de l’intérieur.
Au bout d'un quart de siècle, "atrophie de l’ONU sans remise en cause fondamentale " semble être donc l’hypothèse qui rend le scénario « non coopératif » le plus visible surtout quand elle est associée à une autre : « atterrissage en catastrophe de l'économie américaine » omniprésente dans un contexte hanté par un 3e guerre mondiale.
Aussi, la réaction de cet acteur clé lors de UN80 est source de malentendu quand il "décide" tout seul de faire coiffer l'Organisation par une unité autonome. Comme s'il cherchait à faire renaitre de ses cendres - quelques mois après sa mise en place triomphale - ce Doge violement expulsé en 2025 suite à une alerte le réduisant à un "triple trap" qui a plongé les Usa dans la "fatal error". A moins d'y voir une contre-offensive des groupes d'intérêts qui se sont emparés de tous les attributs de la souveraineté de ce pays, face à toute une série de menaces - Crypto-Quantum par exemple - qui programment leur obsolescence. Le chantage budgétaire n'en est que la face visible. A ce stade, le Secrétariat Général encaisse le choc (au bord de la faillite !), les autres membres du CSNU regardent ailleurs n'étant pas disposés à combler le déficit budgétaire découlant de cette arme de domination américaine. Comme la plupart des autres pays membres, ils essaient de "préserver le statut quo" tandis que le Secrétariat Général s'efforce de couvrir tout ce monde en se réfugiant derrière "changement de paradigmes : unis pour agir !", « changement structurel, systémique ». Du déjà entendu en 2006 (unis dans l’action). Une notion qui reste floue en l'absence de référence à l'ancien et au nouveau paradigme surtout en l'absence d'indication précise sur la méthodologie permettant de cerner l'ontologie et l'épistémologie. Pourtant les informations de base permettant de localiser Onu dans ce cadre de réflexion sont accessibles à tous.
Embarrassée par la complexité de la situation, ONU et Hegemon croisent leur regard sur le premier scénario (atrophie, atterrissage en catastrophe de l'économie américaine) et le troisième (coiffée et atterrissage en douceur). Le reste du monde y compris les autres membres du Conseil de Sécurité ne s'y retrouvent plus. Mais alors pourquoi pas le quatrième (rénovation complète de l'ONU) ou le deuxième (préservation du statu quo) ? La peur de l'avenir fait le reste. La "tour de confusion" n'est plus loin. La science prospective est démunie face à un niveau d'incertitudes radicales aussi élevé.
Tout se passe comme si l'ONU n'a pas anticipé le premier scénario " atrophie" alors que dès 2001 plusieurs signaux le rendaient plus visible que les autres. Soit la culture prospective est complètement défaillante au sein de l'ONU. Inacceptable au regard de tous les investissements réalisés pour y déployer les capacités d'analyse de politique et de prospective. Autant déclarer obsolète toute la "machinerie ou bureaucratie intergouvernementale" omniprésente dans l'organigramme de l'organisation. Soit l'Onu est entièrement au service du régime de domination absolue par Hegemon dont l'économie - toujours dans ce scénario - est en situation d'atterrissage en catastrophe, même si pour les groupes d'intérêt ayant confisqué tous ses attributs de souveraineté, il ne s'agit que "benign neglect, l'essentiel étant une "Onu coiffée". Et si les autres membres étaient de fait réduits au statut d'états virtuels ?
Le signe le plus évocateur est le rapport ONU80 présenté le 15 septembre 2025 avec pour objectif de faire en sorte que le système des Nations Unies serve les « peuples des Nations Unies » de manière plus cohérente, plus efficace et plus responsable. Cette fois le "paradigm shift" est envisagé concrètement "dans les domaines de la paix et de la sécurité, de l’action humanitaire, du développement durable et des droits humain". Du déjà lu depuis la Charte jusqu’à DaO 2012 en passant par « Nous les Peuples » et tant d’autre incitatives ou programmes.
Cette limite explique à elle seule l'erreur monumentale à vouloir entrer dans un nouvel « Age d'Or » de la science de référence derrière "Norms of Norms (NoN)". Le recours incessant à des concept caméléon de type « changement structurel » enfonce davantage l’initiative comme si elle ignorait complètement que l’organisation depuis c’est UNECA elle-même qui l’a introduite dans les années 80 pour « adoucir » les effets néfastes des programmes d’ajustement structurel » avant de l’abandonner au profit de « transformation structurelle ». ( A. Adedeji : Interaction entre structuralisme, ajustement structurel et politiques de sécurité dans la gestion des politiques de développement, Ecdpm, 1989). Sans toutefois approfondir une question aussi complexe au cœur de la science transformative, la 3e dimension de la science prospective après la science constructive.
La responsabilité tant du monde académique (Hks) que de celui à l’origine de Gagas (Gao) est aussi engagée. Le premier C. Robert, R. Zeckhauser The Methodology of Normative Policy Analysis 2010 Harvard Kennedy School) promeut au sein du temple de Policy Analysis Science, la méthodologie normative – un oxymore – au rang de noyau dur (deep core), dans l’ignorance qu’elle n’a jamais été autre chose que la couronne protectrice (protected crown) de l’approche positive dont le sophisme avait pourtant été dénoncé y compris par « le seul prophète qu’a eu l’Angleterre et dont le message est resté longtemps incompris » (K. Raine in science et imagination chez W. Blake ; Science et Conscience : les deux lectures de l’univers ; Stock, 1980). Dans l’ignorance de la portée et limite de la « voie royale de l’approche normative : System Model (System Models for Policy Analysis Warren E. Walker and C. Els van Daalen) ou Program Therory (Chen, H.T. 1990. Theory-Driven Evaluations. Sage). Il propage ainsi une approche sans tenir compte des limites, en l’absence de modèle et/ou de données reprise aussitôt dans d’autres sciences dont physique du climat, consacrant les ODD et bien au-delà « faire de la nature un capital (Dasgupta Review February 2021) popularisé aussi bien par les Nations Unies (Ipbs) que par l’Ocde (Pure Iasa).
Le second (Gao) se réfère à la prospective stratégique pour explorer les tendances affectant le gouvernement et la société pour les mélanger toutes à un seul niveau d’échelle au lieu de séparer au moins ce qui relève des mégatendances/incertitudes radicales et des enjeux/défis. Un diagnostic approximatif dont découle des erreurs de premier et second type sur l’ampleur du risque de faillite de Hegemon quand il le projette seulement en 2048 si la dette dépasse 200% du PIB alors que tant de signaux le rendent visibles dès à présent. L’Initiative Onu80 peut-elle sauver les Usa avant qu’il ne soit trop tard ?
Autant d'approximations réduisent l'Onu à un enjeu, trahissent l'absence d'une vision suffisamment robuste pour naviguer dans un siècle plein d'incertitudes radicales annonciateur d'un millénaire en rupture avec les précédents. Rien d'étonnant que les tentatives de la doter d'une capacité d'absorption suffisante de la science prospective soient tout le temps ignorées voire bloquées. Hors de question d'en faire un acteur majeur donc une menace existentielle sur le régime de domination absolue en vigueur. Qu'elle se contente donc "d'agir unis" (United to Deliver), de préférence dans le vide. La confusion entre indicateurs de qualité et objectif d’une action publique fait le reste.
L’essentiel est de bloquer l’émergence d’autres potentiels acteurs afin de préserver le statu quo en accord avec les historiens de la 2e guerre mondiale qui la réduisent en "Blood and Ruins: The Last Imperial War, 1931-1945", ( Richard Overy, 2022), "l'Europe barbare" ( Keith Lowe 2013, Perron), « Pour devenir meilleur, un pays doit perdre sa dernière guerre coloniale » (Timothy Snyder , le Monde 07 avril 2023). Une vision simpliste pour ne pas dire en collusion avec le régime de domination absolue. Les deux premiers sous-estiment le rôle de la science dans la guerre pour l'empire depuis plus de 2 millénaires, toujours en cours quand le troisième fait l’éloge du "meilleur perdant" ou "pire gagnant". Ainsi donc le "faux positif" ou "vrai négatif" reste toujours l'arme privilégiée de destruction massive depuis le début de la réflexion scientifique et technique à l'école ionienne (~585) qui prétend être à l'origine de la connaissance et de la sagesse et surtout de la mondialisation exclusive.
Churchill résume bien l'état d'esprit : « Nous ne laisserons pas les Hottentots par vote populaire jeter les Blancs à la mer ». Sans doute pour répliquer à Ghandi opposé à la tentative de mobiliser toute la population active indienne, convertie en « tirailleurs cingalais ». Il aurait pu aussi, lors de Yalta le 4 février 1945, murmurer à l’oreille de Roosevelt : conformément à la demande du chef d'état major américain, Walter B. Smith, moi j’aurais trouvé le bon prétexte pour repeupler entièrement cette colonie de british après la guerre ne serait-ce que pour faire oublier l’échec de T44. Celui-ci aurait - en bon démo ressourciste et « redemeer » fervent défenseur des lois J. Crow - certainement suggéré de les remplacer plutôt par des wisigoths , ostrogoths, gépides, francs, alains, burgondes, huns. La plaque biotectonique fera le reste.
Il pouvait aussi ajouter « ne serait-ce que pour éviter le même sort à nos Cowbayankees à Destinée Manifeste ». Il s’agissait surtout d’un avertissement applicable aux sioux, apaches, amazoniens et esquimaux d’Amérique mais pas aux membres de l’Otan ou du G7 obsédés par la structure de la chaîne de valeur migratoire depuis que le vieillissement est un à son tour un invariant. Eux, sont même autorisés à créer un état xLand à condition de respecter les conseil de l’honorable Malcom pour survivre au milieu des icebergs : trépigner le matin au son de Kulu Se Mama (J. Coltrane) puis dès l’après-midi de It Don’t Mean a Thing (If Ain’t Got That Swing (E. Fitzgerald)
complété par Huum ! Shiwa Doua Doua Shiwa Doua Doua et le soir de Inamorata (M. Davis) en y ajoutant I love Tomorrow !. Le climat sera alors supportable. Ils comprendront enfin que le CSNU « n’est pas une affaire d’hégémonies ou d’empires » et qu’une réforme urgente est indispensable pour garantir l’ordre et la sécurité mondiales (A. Guterres) grâce à « ONU : regard vers l’avenir ».
D’ailleurs tout est dans le « Document final : Pacte pour l'avenir » : « Les dirigeants mondiaux adoptent un Pacte pour l'avenir qui comprend un Pacte numérique mondial et une Déclaration sur les générations futures (A/RES/79/1 ). Le Pacte couvre un large éventail de thèmes, notamment la paix et la sécurité, le développement durable, les changements climatiques, la coopération numérique, les droits humains, l'égalité des sexes, la jeunesse et les générations futures, ainsi que la transformation de la gouvernance mondiale. (https://www.un.org/fr/summit-of-the-future/pact-for-the-future).
3. Unies par la démocratie ou science prospective

L’unique agenda UN80 devrait porter sur le critère pour être éligible au CSNU : être une référence en matière de démocratie. Son élargissement pouvait tout au plus se justifier pendant la guerre froide autour de représentant de 3 groupes : Est, Ouest, 77. Tous ceux qui réclament encore un siège tombent dans le piège du régime actuel de domination absolue qui exclut toute forme de rénovation de l’Onu quitte à plonger l’organisation dans l’atrophie.
Reste à préciser quelle sont les qualités performatives requises et comment les étalonner.
En ce qui concernent les qualités, il convient de tirer enfin les leçons de l’expérience africaine en la matière. Le continent a servi de laboratoire avant les autres dès l’an 2000. Le résultat de l’exercice avait choqué les membres de la Commission Indépendante qui le jugeait trop sévère pour le continent surtout tel pays (Algérie) et ceux qui l’estimait pas assez pour le continent et tel autre pays (Nigeria).
A l’issue d’une intense controverse, le consensus s’établit : laisser la carte sur l’état de la démocratie en Afrique telle quelle, la diffuser partout dans l’espoir de susciter d’autres guerres de paradigmes même plus intense obligeant l’Onu à approfondir le sujet en vue d’un étalonnage consensuel des qualités performatives de tous les membres. Moins d’une décennies plus tard cette expérience est reprise par plusieurs think tank de façon un peu mécanique pour conforter le régime actuel de domination et ses alliés.
Entre temps des progrès en Policy Analysis Science permettent d’approfondir le sujet et mettre tous les pays membres sur la même ligne de départ. La démocratie ne réduit pas au cycle électoral, domaine de prédilection des entrepreneurs politiques. Les notions de cycle politique, cycle de transformation, leur articulation sont aussi au cœur du régime démocratique suffisamment robuste pour anticiper les ruptures et l’imposer jusqu’au dernier kilomètre. L’important, pour être un membre du CSNU, serait alors de servir d’exemple aux autres. Provisoire car il ne devrait plus être question d’être permanent. En somme plus un Conseil de Sages que de porteurs d’appel d’empire. La conséquence immédiate de ce nouveau régime sera aussi d’obliger toute personne au service des NU à se recycler dans cette science pour rester encore en activité. Surtout proclamer à haute voix, une fois tout l’appareil théorique et conceptuel maîtrisé : Homo Scientificus Democraticus Existe. Je l’ai Rencontré !
3.2. Etalonner les qualités performatives de la démocratie
L’étalonnage (Tableau 5) nécessite au préalable une vaste enquête sur la démocratie dans tous les pays suivie d’un approfondissement du cadre conceptuel.
Cette pastiche peut sans doute aider à limiter le risque. Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite. Chacun y reconnaitra les siens.
La science transformative met en scène Baron Amer (Bam), Marechal-Nous-Voilà (MnV) et Der Rosenkavalier surnomé Octavianping (RkPing) qui incarnent chacun une forme de la mondialisation à l’exception de l’inclusive.
Son préféré Rosenkavalier surnommé Octavianping qui s’était déguisé en femme de ménage pour passer inaperçu, réapparait et se voit confier la mission de diffuser le message du Bam. Il se rend alors en Afrika premier concerné mais une fois sur place, les richesses du continent l’éblouissent à tel point qu’il décide de s’y installer pour de bon, implante partout des Shen Zen reliés par Obor. Son activisme suscite la colère du Bam qui sort le sabre. RkPing profite du duel pour affirmer tout son pouvoir de prêteur et de marché qui en fait un tigre de la mondialisation. Humilié par tant d’arrogance, Bam décide de reprendre la main sur le « Centre Stratégique » tout en accélérant le pivot vers l’Indopacifique, d’élargir sa frontière vers le Sud Méditerranéen et de punir derrière l’affaire Aukus la vieille tante qui met en danger son influence mondiale.
Ces initiatives réveillent de sa torpeur l’ours cousin du tigre ailé RkPing dont le glacis s’est dilué dans l’Europe depuis la chute de L’Empire Sovietica et qui se lance à son tour dans la restitution de son patrimoine avant que la nouvelle frontièrisation du monde ne soit effective. Cernée de toute part et exposée au risque de perdre le contrôle sur tout son voisinage, MnV se place à nouveau devant son miroir pour ânonner : « Comment Dieu le permet-il , Serais-je pas la même ? Et si mon sort doit être tel hélas ! Dieu ne pourrait-il pas me rendre aveugle ? Pourquoi me laisser voir cela ? Ce sont là des secrets, de lourds secrets – et nous sommes sur terre. Pour en souffrir – pour être heureux ; Le tout est de savoir souffrir… ». D »ailleurs cet ours est comme moi. Peut être nous pouvons nous entendre sur les dos de Bam et de RkP.
Quand elle se retrouve avec Bam, celui-ci l’enjoint de ramener les têtes des deux ennemis qui l’empêchent de dormir. Mnv y voit l’opportunité de reprendre la main sur RkPing et son cousin. Elle se place de nouveau devant son miroir pour se demander comment procéder. Suffira-t ’il de se lancer dans une Danse des Sept Voiles pour obtenir la tête du tigre et de l’ours ennemis, retrouver son empire-sur-mer oublié et qui sait, devenir la première puissance mondiale en 2058. Provocation ! Utopie ! dira alors Bam. Mais qui donc peut m’apprendre cette danse. Mohamed ? Petit Nègre ? Comment s’y retrouver quand deux livrets ne lui donnent même pas le même nom ? Si je me trompe il risque d’être vexé, refuser, rejoindre les ennemis de mon cousin. Ah encore de la souffrance !...
A l’épreuve de la science prospective, l’Initiative UN80 laisse encore la porte ouverte, non pas à un changement de paradigme ou structurel mais à l’adoption d’un nouveau régime (science constructive) et au peuplement de la planète par homo scientificus democraticus (science transformative).
* Sams Dine Sy Retraité. Facilitateur en Science Prospective, Constructive & Transformative
Plateforme Open Science https://samsdinesy.org
10/12/2025













