Sauver l’Europe "quoi qu’il en coute" : mission impossible ?
Sommaire
- Introduction
- Le rapport Draghi enfin disponible
- Un projet de transformation compétitive
- En quête de Master Plan
- Sauver l’Europe « quoi qu’il en coûte : mission impossible
- Conclusion
Graphiques
- Schéma détaillé des répercussions de l’UEM
- Galaxie Pyramidale de l'Innovation
- Vue d'ensemble : Distance Science Dynamique Volitive Noyau Dur
- Capacité Cyclique : définition, objectif
- Transformation par intégration de cycles
- Distance Science & Cadre de Retombées Reproductibles : Dimensions, Paradigmes, Pôles, Attitude, Science (Meta, Open, Innovation)
- Analyse de Politique : Forces et Faiblesses
- Dynamique Volitive : Propriétés & Critères d'Evaluation
- Matrice Enjeu/Acteurs (2018)
- Matrice Acteurs/Acteurs (2018)
Sauver l’Europe « quoi qu’il en coûte : mission impossible ?
Sams Dine SY* 05/11/2024
Introduction
"The future of European competitiveness" ou Rapport Draghi est destinée à en faire un précurseur par une série de transformations, exclusivement d’ordre politique sans aucune précision sur les raisons de ce choix, ni pourquoi d’autres options et cycles sont exclues. Encore moins sur celles des modalités d’articulation au processus politique de l’Union Européenne (UE). Il ambitionne de s'inscrire dans un nouvelle démarche d'intégration régionale sans pour autant arbitrer entre les deux qui y cohabitent depuis le Plan Marshall (1948 pour 16 pays tous européens) et qui a survécu au Programme Delors (Union Economique et Monétaire, Uem, 1988). Il s’inscrit dans une logique d'anticipation de tous ces chocs, ruptures ou changements de paradigmes annoncés par plusieurs signaux depuis au moins trois décennies sans se donner la peine de les localiser sur une échelle en fonction de leur degré d'incertitude et de réalité.
Un cas d'école donc pour la Distance Science quand chaque mot renvoie à une de ses composantes : extérieure et intérieure pour le premier et le troisième, oscillatoire pour le second. Cette Science n’est pas si nouvelle que ça puisqu'elle est à l'origine des pyramides dès l'invention de la première écriture et de la science mathématique (L.S. Senghor, Atlas de l'Afrique, Jaguar, 2000) et de toutes les sciences qui en sont l'héritage. Elle dispose donc d'un Cadre de Retombées (Spillover) Reproductives dont la Dynamique Volitive, noyau dur de l'Analyse de Politique est l'expression concrète à travers sa voie royale ou Architecture de Grande Echelle. Cette dernière sert de manuel (textbook) pour propulser dans la Galaxie Pyramidale de l'Innovation et dans le présent cas, via des sentiers de croissance dont l'efficience dynamique est la compétitivité.
Le cas européen est d'autant plus intéressant qu'il s'agit d'un espace global dont les modalités d'inscription dans le temps sont de fait déléguées à un autre espace, américain pour ne pas le nommer où le futur découle toujours de l'histoire passée. Ainsi, plusieurs modèles d'intégration régionale y cohabitent depuis toujours rendant la notion d'union européenne floue et l'adhésion à une vision commune de l'état fédéral plus difficile. Cet espace est donc toujours en quête d'une grande transformation qui interpelle donc la Distance Science quand elle en fait une combinaison de cycles dont l'articulation au processus politique est décisive pour l'inscrire dans une approche découlant de la combinaison de paradigmes et d'attitudes.
Un Moon Shots Analytics constitue donc une bonne source de partage d'expérience entre différentes régions du monde ou groupes de pays en quête de transformation.
Mots Clés
Un rapport enfin disponible
Le Rapport Draghi est une commande de la Commission Européenne, accessible dès novembre 2023 mais disponible seulement depuis septembre 2024. Entre temps, des fuites alertent sur son ambition d’aller bien au-delà du Plan Marshall des années 50 et du Programme Delors (UEM, 1990). C’est bien l’Europe qu’il faut encore sauver depuis que la fin du système tripolaire et la guerre en Ukraine l’exposent au risque de déclassement et plonge le monde dans la « Tour de Confusion ». D’où l’idée d’un Master Plan de Transformation jetant aux oubliettes les deux précédents des années 50 et 90, dès lors qu’il ambitionne tout simplement de faire de l’UE un précurseur par effet de sentier tel une retombée d’un nouveau type de processus politique en Union Européenne.
Si l'injonction a pu faire consensus, le budget requis estimé à au moins 800 milliards d’euros par an (environ 4,5 % du PIB de l’UE) suscite des controverses. Autant avouer "Mission Impossible !". Moins à cause de l'enveloppe financière requise que par la référence à un modèle statique et irréaliste de type "Grande Transformation" (K. Polyani, 1944) reposant de surcroît sur un cycle unique articulé à un cycle politique de séquentiel. Tout se passe comme si aucune leçon n'avait été tirée des expériences passées.
L’ effet immédiat en a été le report de la publication du rapport sous le prétexte : "pour ne pas influencer les élections européennes de juin" puis "encore au stade de la rédaction" alors qu'on est en juillet. Refuser le débat citoyen discrédite ce rapport : l'Union Européenne serait donc un agrégat de polyarchies (R. Dahl. 1962. Who Governs? New Haven, Conn.: Yale University Press) ) aux mains d'une épistocratie (M. Lucky). Une première limite qui questionne sa pertinence.
Un projet de transformation compétitive
La publication du rapport avec presque un an de retard révèle une ambition limitée à un simple projet de la Commission Européenne encore au stade de discussion. Il plaide pour trois transformations majeures d’ordre politique pour combler le gap de l’innovation, exécuter un plan de décarbonisation et de compétitivité, une sécurité accrue ainsi qu’une dépendance réduite.
Il ne précise pas pour autant dans quelle mesure ces transformations sont d’ordre systémique ne serait-ce qu’en référence l’un des changements retenues dans le programme UEM (1990) : union monétaire, union économique et système international tripolaire. Il se contente de faire du premier élément du second changement à savoir l’achèvement du marché intérieur un Building Block (B2) avant d’y adjoindre trois autres : stratégie globale, politique financière et nouvelle gouvernance. Le rapport ne se donne la peine de les articuler de façon à éclairer par quels sentiers de croissance l’efficience dynamique a pour effet ultime la compétitivité.
Comment être précurseur sans une réflexion approfondie sur les systèmes d’innovation dans toutes leurs dimensions. Comment en 2024 se lancer dans une transformation compétitive sans faire de la transformation digitale une priorité au même niveau que la transformation technologique ? Le contexte actuel et futur n’a rien à voir avec celui ayant conduit au « marché unique, monnaie unique ». L’ouverture du marché européen, l’invasion prochaine des crypto et l’irruption possible du quantique ne sont pas des handicaps ou menaces mais des passages obligés vers un marché global, une monnaie globale et une plateforme globale. Ignorer l’ampleur systémique de ces transformations relègue définitivement au statut de suiveur passif, voire de simple ressource en accès libre.
En quête de Master Plan
Master Plan est un document cadre éclairant sur les options retenues pour inscrire l'entité dans une dynamique de transformation. L'Europe s'est dotée de l’équivalent avec le Programme d'UEM ou Rapport Delors complété par une évaluation de ses avantages et coûts en 1990. Ce programme est synthétisé dans un graphique ou "schéma détaillé des répercussions de l'UEM" articulant différents types de changement d'ordre :
- systémique autour de la monnaie unique, du marché unique et du système internationale tripolaire ;
- politique avec la politique économique et la politique monétaire ;
- comportements des agents ;
- pour un impact économique final défini en termes d'efficience microéconomique, de stabilité macroéconomique et d'équité régionale.
Il indique aussi la voie à suivre pour restaurer la compétitivité par l'efficience allocative du sentier de croissance (Ocde Technologie & économie : TEP 1992 : les relations déterminantes, 1992).
Pour autant , l'approche retenue en 1990 ne se donne pas la peine de définir les changements en termes de cycles de transformation. Elle reste donc dans un modèle traditionnel d'addition de cycles et d'articulation de type séquentiel : un modèle très répandu à cette époque sauf qu'il ne tient pas compte de la complexité de l'unité d'analyse (une communauté d'états) et des domaines concernés (les attributs de souveraineté). D'où le sentiment de déception et de frustration largement partagé trois décennies plus tard et la commande de la Commission Européenne d'un véritable Master Plan en guise de rupture avec cette approche.
La sentence sévère que prononce le rapport Draghi ne traduit pas cependant la gravité de la situation dès lors qu'elle s'inscrit dans le même référentiel et réduit la qualité d'un Master Plan à ses avantages et coûts selon l'approche économique classique.
Limiter la compétitivité européenne à sa dimension industrielle et un à défi est une erreur pour un espace aussi composite. Son futur n’en fait pas seulement un enjeu monétaire - unique attribut de souveraineté de l’UE - surtout depuis que son sort est au cœur de la guerre d’un nouveau genre en cours. Comme l’Europe, les Usa se sentent à leur tour mal préparés face à une double menace en provenance d’ennemis (Chine, Russie) et de « an Axe of Growing Malign Partners » (le reste du monde, ROW). La réponse des Usa suite au rapport de la Commission on the National Defense Strategy for the United States NDS (Final report to Congress; July 2024) reste encore secrète même si l’hypothèse d’une prochaine « révolution reproductive » fomentée par Darpa autour du Crypto Quantum n’est plus à écarter. Le scénario qui se dessine combinerait une « Crypto Belt » de portée mondiale jetant aux oubliettes les Belt Road, associée à une politique de type « ScalpFlation » réduisant le monde à un état d’hibernation. Si un tel scénario se précise, l’Euro en serait alors la principale victime réduisant le rapport Draghi à une anecdote dès lors qu’il fait de sa stabilité un fait acquis.
Master Plan doit se traduire par une triple capacité de projection, d’adoption et d’absorption par la transformation d’une vision en réalité tout en construisant un habitat du futur. Aussi, elle s’apprécie dans les termes suivants :
- efficience dynamique des sentiers de croissance pour la compétitivité et transformation de l’Europe en précurseur : au cœur du rapport ;
- robustesse de la vision « Europe Etat Fédéral » en tant qu'acteur majeur par la mise à disposition d’une matrice enjeu/acteurs et d’une véritable palette jeu/buts/cibles : partiellement abordée ;
- anticipation des chocs systémiques et des ruptures radicales par une gamme de scénarios globaux combinant plusieurs hypothèses : ignorée.
Non seulement Le rapport Draghi fait moins que le programme Delors, mais il s’enferme autant que ce dernier dans l’heuristique des étapes, cette voie royale expliquant à elle seule l’impasse européenne. Il est donc plus un simple projet qu’un Master Plan complet de transformation compétitive.
D'où la question angoissante...
Sauver l’Europe « quoi qu’il en coute : mission impossible ?
Le rapport Draghi se fonde sur l’absence de marché unique et la remise en cause de la Triade pour proclamer l’impérieuse nécessité de sauver l'euro monnaie unique avant qu’il ne soit trop tard pour l’Union Européenne. Cet objectif renvoie à celui de 2012 quand le même auteur ajoutait "to do whatever it takes". N'étant pas explicitement mentionné dans le rapport pour des raisons sans doute diplomatiques, il transparait néanmoins comme une injonction à travers les grandes lignes révélées par leur auteur par des fuites savamment orchestrées dans divers médias et tribunes européennes dès novembre 2023. Si l'injonction semble faire consensus, le budget requis estimé à au moins 800 milliards d’euros par an (environ 4,5 % du PIB de l’UE) suscite des controverses. Autant avouer : mission impossible !. Moins à cause de l'enveloppe financière requise que par la référence à un modèle statique et irréaliste de type "Grande transformation" (K. Polyani, 1944) reposant de surcroît sur un cycle unique articulé à un cycle politique de séquentiel. Tout se passe comme si aucune leçon n'avait été tirées des expériences passées.
L’ injonction a eu pour effet immédiat le report de sa publication au prétexte : "pour ne pas influencer les élections européennes de juin" puis "encore au stade de la rédaction" alors qu'on est en juillet. Refuser le débat citoyen discrédite ce rapport : l'Union Européenne serait donc un agrégat de polyarchies R. Dahl, 1962. Who Governs? New Haven, Conn.: Yale) University Press) aux mains d'une épistocratie (M. Lucky; APSA Annual Meeting & Exhibition_ Learning vs. Knowing Regimes_ Knowledge Production in Epistocracy and Democracy 2021).
Le choix du titre "futur de la compétitivité européenne" en dit long sur le contenu d'un rapport qui renvoie à toutes les composantes de la Distance Science :
- extérieure ou globale à long terme : le futur de l’humanité en interaction avec celui de l'Europe ;
- oscillatoire : l’UE acteur majeur en tant qu’état doté d’une vision robuste ou enjeu à travers ses ressources ;
- intérieure ou régionale à court et moyen terme : la compétitivité du système d'innovation européen en fait un précurseur par effet de sentier ou suiveur par effet de verrou.
La première explore le futur de l'Europe en tant que région du monde contrairement aux "Global Trends" (NIC) qui planifient l'évolution du monde depuis les Usa. Le lecteur attentif ne manquera pas de renvoyer au bilan des précédents exercices de prospective européenne à l'horizon 2010 et 2025. Le rapport se garde bien de répondre à la question : pourquoi l'Europe est incapable d'anticiper ruptures et chocs d'ampleur mondiale et sur le long terme au point de déléguer sa prospective aux Usa ? De fait le rapport Draghi s'inscrit bien dans ce scénario de "désoccidentalisation du monde à l'horizon 2025 réalisée par NIS en 1999. Un scénario marquée aujourd'hui par la course entre un tigre ailé, un ours déprimé et un taureau bionique pour incarner à leur tour la mondialisation exclusive inscrite dans la tradition millénaire européenne.
La deuxième teste la robustesse de la vision de l'Ue depuis que l'union monétaire s'érige en thème fédérateur de celle affichée dès les années 80, les deux autres étant l'union économique et l’Ecu monnaie internationale aux côtés du yen et du dollar. Cette problématique interpelle sur son sort sachant que la Triade est orpheline depuis que le Japon s'est déclassé sans être remplacé. Deux acteurs - Chine et Russie – sont qualifiés d’ennemis par les Usa quand ils remettent en cause les cinq monopoles sur lesquels son hégémonie : innovation, contrôle des flux financiers, accès libre aux ressources naturelles, contrôle de l'information et de la communication, monopole des armes de destruction massive. . Le reste du monde, y compris l’Europe est réduite à un enjeu même si quelques acteurs mineurs y sont qualifiés de partenaires malin (tentionnés).
Les défaillances qui font de l'Europe un acteur mineur doivent être bien séparées de celles qui en font un enjeu. Or le rapport les mélange avant de les structurer autour de cinq building blocks pour soi-disant gérer la transformation industrielle. L'état stationnaire de l'union européenne en fait un enjeu dont les effets directs et statiques sont une gouvernance multi-niveaux de type jacobine et la segmentation du marché au lieu d'être unique comme convenu en 1990. En découle l'absence de stratégie globale à ne surtout pas limiter aux volets industriel, commercial et financier.
Les agents économiques ne se comportent pas de la même façon selon que l'Europe est un acteur ou un enjeu. La transformation de leur comportement ne découle pas des trois préconisées (innovation, énergie, sécurité) pas plus qu'elle ne suffit pour faire de l'Europe un acteur. Une lecture attentive du rapport NDS (2025) fournit quelques pistes sur ce qui l'attend si elle continue de jouer au partenaire malin (intentionné). Le rapport évite soigneusement d'aborder la question de fonds : pourquoi l'Ue n'a toujours pas de vision et se contente d'aspirer au statut de membre d'une Triade fictive ?
La troisième se concentre sur la "cohérence et la diversité des systèmes d'innovation en Europe", les "systèmes nationaux de financement de l'innovation en Europe", "le futur de l'industrie dans le contexte global" "l'investissement, l'innovation et la compétitivité au sein de la Triade" et sur 'la carte de la compétitivité avenue de la croissance". Le lecteur attentif ne manquera pas de questionner : quoi de neuf depuis toutes les alertes lancées au cours des années 90 par Fast Monitor (FOP 349 et 357, 1993), OCDE (1005), Merit (1993), Itps (Eur 19032, 1999)? Qu'en est-il du Livre Vert sur l'innovation (BUE, 1995) et du Premier Plan d'Action pour l'innovation en Europe (CE, 1997) ? Les initiatives et programmes se succèdent, s'enchevêtrent donc sans aucun résultat ?
Pourtant l’expérience des missions de productivité réalisées dans le cadre du Plan Marshall et à un coût insignifiant aurait dû inspirer l’auteur du rapport dès lors qu’il ambitionne d’éclipser ce moment historique. C Stoffaes en a même fait une révolution invisible dans « Le Plan Marshall et le relèvement économique de l’Europe. 1991». Il a simplement omis de signaler que si ces missions ont couvert quasiment tous les domaines, il en est qui a en a été totalement exclu : apprendre comment l’état fédéral a réalisé des sauts qualitatifs décisifs dans l’avènement du « siècle américain » grâce à Policy Analysis Science et dans quelle mesure le Plan Marshall a fourni l’occasion de faire de l’Europe d’après-guerre le principal Test-Bed à son insu, enfermer le processus politique européen naissant dans l’heuristique des étapes à travers un modèle de transformation par addition de cycle. Comble de l’histoire, c’est la Commission Européenne qui diffuse cette approche en répliquant le Programme UEM dans l’ex-bloc soviétique à travers le Programme Chataline en 500 jours, puis à travers Uemoa, Cemac, Cedeao, Union Africaine.
Pendant ce temps, cette approche était au cœur de « paradigm wars » portant sur la distinction entre ce qui relève de l’analytique ou du normatif, sur la notion de cycle politique (policy cycle) et le nombre d’étapes, la multiplicité des volets ou streams (J. Kingdon); les liens de causalité (P. Dye; F.S. Berry; F.S. Berry; F. R. Baumgartner), la structure des réseaux (S. Adam) , le poids des institutions (E. Olstrom).
Mieux, c’est toujours aux Usa que s’expérimentent discrètement et en temps réel de nouveaux concepts derrière la Crypto-Quantum Policy Analysis en interaction avec l’Open Science autour du MITRE et Centre d'innovation quantique Potomac (PQIC) qui se lancent dans un véritable Quantum Moonshot Analytics. Les Gafam parmi d’autres s’y mettent quand ils essayent d’aller plus loin autour des applications de l’Open Science en matière de modélisation de la résilience en marge de la Cop28. Un événement passé inaperçu. Malgré tout l’Europe n’est pas en reste quand des organismes indépendants sponsorisent un congrès à Kigali juste avant sur le même thème en mettant la focale sur l’IA alors que cette dernière est au Crypto Quantum ce que l’Internet des Objets était à l’Internet.
Au final, le rapport Draghi se garde bien de répondre aux questions qui renvoient surtout aux trois problématiques : pourquoi l'Europe est incapable
- d'anticiper ruptures et chocs d'ampleur mondial et sur le long terme,
- de disposer d'une palette jeu/but/cible face à celle des autres acteurs majeurs et
- de s'inscrire dans une dynamique de transformation ?
Pourtant, la trajectoire de l'Europe depuis un millénaire justifie à elle seule un exercice de prospective globale de type "Monde-Europe" par exemple à l'horizon 2050 et fondé sur une méthodologie exploratoire : à quoi ont servi tous ses exercices de prospective menés depuis les années 90 ?
L'originalité et "l'ambiguïté constructive" du projet européen en font un cadre idéal pour la science de l'analyse de politique de type "Europe, écosystème fédéral fondé sur une épistémologie constructiviste : pourquoi le modèle d'état westphalien inventé en Europe bascule de plus en plus dans son repoussoir jacobin gangréné par les fléaux que sont la médiocrité et la corruption ?
La faible compétitivité européenne en fait une riche unité d'analyse s'inscrivant dans une ontologie transformatrice : pourquoi cet effet de verrou qui en fait toujours un suiveur malgré toutes les initiatives et programmes-cadres exécutés depuis les années 90 et censés en faire un précurseur ?
Tout se passe donc comme si le rapport Draghi condamne l'Europe et fait de sa disparition de la carte du monde une fatalité. Aussi, tous les pays sont invités à réaliser leur propre Moon Shots Analytics de manière à se départir de cette option.
Conclusion
« Ils poursuivent leur rêve enfantin de construire un monde qui va de leur Terre au ciel de la maitrise de la vie et des formes. Mais il leur manque … la pierre angulaire qui est la pyramide contenant le monde. L’absence de cette assise fera s’écrouler l’édifice le mieux conçu et nous verrons bientôt les peuples dispersés, indisciplinés, s’entredévorer en un chaos effrayant ». La réaction prudente pour ne pas dire plus de l’Allemagne à ce rapport s’inspire certainement de cette sentence de R.A. Schwaller de Lubicz (Le Miracle égyptien Flammarion homo sapiens, 1963).
Un conseil de sécurité sous la pyramide peut sans doute sortir l’Europe de cette tour de confusion où elle est le continent le mieux représentée alors que totalement exclue de cet autre « Five Eyes » quasi-invisible depuis sa création en 1943 soit 3 ans avant celle de sa réplique onusienne mais sans siège et adresse surtout pas personnel.
*Sams Dine SY, 5/11/2025
Ancien facilitateur spécialisé dans la gestion de groupe d’experts
Animateur de la plateforme https://samsdinesy.org/