ANALYSE DE POLITIQUE
Déploiement en Afrique

Revue des Dépenses Publiques dans le Secteur Social

Depuis vingt ans, les dépenses publiques affectées au secteur social connaissent d'amples variations, qui reflètent la difficulté du Sénégal à se conformer à sa constitution sociale et à traduire cette priorité politique en choix budgétaires. Mis à part la remontée observable depuis 1994 pour les dépenses de santé et d'éducation grâce au filet de sécurité sociale, la stagnation des postes de dépenses de services sociaux et communautaires a été continue sur toute la période. Malgré la reprise économique, la remise en cause de l'Etat social sénégalais est perceptible à travers les indicateurs sociaux, en dépit de la baisse de l'indice de fécondité et de l'amélioration du taux brut de scolarisation et de la couverture sanitaire.

L'évolution des dépenses sociales témoigne de ce que seule une nouvelle politique conciliant rigueur et gestion et une programmation pluriannuelle autour d'objectifs ciblés sont en mesure de les mettre à l'abri des à-coups conjoncturels, afin d'obtenir la masse critique pour soutenir et équilibrer la croissance.
Si les dépenses sociales ne sont pas le seul type de dépense publique à faire les frais de l'ajustement et des retournements de la conjoncture, elles ont toujours été les premières visées par les restrictions budgétaires. Les réductions des postes de dépenses touchent particulièrement les services sociaux et les dépenses d'infrastructure essentielles au "fonctionnement normal des individus" pour reprendre l'expression de A. Sen. La politique d'ajustement, combinée à des faibles capacités de gestion des dépenses publiques a ainsi une large part de responsabilité dans la dégradation des conditions de vie au Sénégal, avec aujourd'hui plus d'un sénégalais sur deux qui vit en dessous de seuil de pauvreté absolu, au risque d'entraîner le pays tout en entier dans la "trappe de la pauvreté".