ANALYSE DE POLITIQUECOVID ANALYTICS POUR LES NULS
Covid Analytics pour Nuls12/05/2020
Ce virus nous fait-il entrer dans l’un des cycles le plus disruptif de l’histoire de l’humanité, tel ce voyage d’hiver - tout sauf splendide et trouble - qui ne s’arrête qu’au bout de la solitude ?
Le romantisme ambiant le suggère au point de nuire à tout effort d’anticipation. « Ils prédisent tous comme des malades et le monde entier une infirmerie ». Cette allusion à la métaphore gœthienne invite à la prudence avant d’administrer à haute dose des remèdes. C’est que ce virus ne touche pas seulement la personne et la communauté. Il attaque l’entreprise et l’état, met en danger l’organisation et la plateforme. Si la prise en charge des deux premières cibles ne soulève que des problèmes de logistique, il n’en est rien pour celle des autres - patients en déshérence et livrées à eux-mêmes en l’absence d’une « médecine du monde ».
Alors que la propagation du virus n’en est qu’à ses début, le nombre d’états faillis, d’entreprise en faillite, d’organisations et de plateformes régionales, internationales délégitimées explose. A quoi ça sert donc d’assimiler ces derniers à des médecins alors que le plus lucides d’entre eux n’hésitaient pas à reconnaitre que leur communauté s’était enfermée dans une prison, engluée dans la dérive positiviste et cadenassée par la ceinture protectrice normative ?
Dans un monde transformé en hôpital, il vaut mieux pour y être admis disposer de banque centrale en mesure de larguer à partir d’hélicoptères des milliers de milliards de dollar et de bourse en mesure de guider les spéculateurs. Cette barrière à l’entrée ne sert en fait qu’à sélectionner ceux qui, une fois dans l’hôpital-monde, se comportent comme dans une salle de banquet et se servent sur la bête quitte à annuler quelques dettes par compassion. Ils auront tout le loisir de jouer sur le cycle financier mondial pour infliger aux autres des limites d’endettement en faisant évoluer le VIX dans le sens souhaité au risque d’accentuer les conflits d’intérêt entre les banquiers centraux et les agences de notation.
On aurait aimé que la recherche économique africaine - au lieu de s’étriper sur l’annulation de la dette - s’empare de ces questions pour mettre à nue les pratiques de capture du régulateur monétaire, mettre au point des grilles alternatives de notation durable. Rappelons au passage que ce sujet a été épuisé dans les années 60 quand pour contourner la censure des grandes puissances lui interdisant de toute référence au sous-développement au profit étapes de la croissance de Rostow, Samir Amin avait eu recours à la théorie du développement du sous-développement illustré par le cercle vicieux de l’accumulation primitive
La cyndinique et l’effet papillon au secours d’une françafrique obsolète
Le comble est atteint quand l’illusion de savoir d’où vient le danger réactive, au nom de la cyndinique, le régime de l’angoisse et la « guerre contre quoi ? ». Surement l’effet papillon déclenché par le contact entre une peau non caucasienne et une improbable écaille ? A tourner en dérision si cette image ne fleurissait pas dans les grands médias et les analyses du réseau de think tank considérés parmi les plus influents du monde et auxquels s'associent des cercles de recherche, des groupes de prospectives et toutes sortes d'institutions d'intelligence dont le CAPS n'est que le prolongement.
Cela en dit long sur l’impasse dans laquelle se trouve cette plateforme condamnée à rester biface sous l’effet du clash des visions « Deutsche Mark Uber Alles » contre « Europe Zone Franc en Plus Grand ». La réaction de la Cour Constitutionnelle allemande vient rappeler brutalement que l’Euro n’est que la traduction en globish du Mark. Aussi, il ne faut surtout pas sous-estimer ce passé qui ne passe pas du fait d’une succession de guerres meurtrières pendant plus d’un siècle et de lourdes indemnités partiellement remboursées avec les ressources des colonies.
Y-a-t-il un lien entre l’abandon des pénalités de guerre et l’émergence des nouvelles formes de colonisation au son d’indépendance cha-cha ? Il appartient à chacun de se faire un jugement sur la façon dont Ramses 2001 recycle la terminologie d’A. Martineau pour criminaliser les « failed states » en des termes à peine allusifs pour laisser entrevoir la possibilité d’une recolonisation en vue de créer : « des établissements politiques permanents et autonomes à l’égard des puissances locales, et donc dans la dépendance de centres de pouvoirs extérieurs aux territoires concernés » ?
Pourtant l’évolution vers une plateforme multi-face de ce que l’imagerie populaire réduit à la françafriquue est tout à fait possible avec d’innombrables externalités de réseau. Par exemple, faire du Brexit une opportunité pour que ce Royaume parti Uni revienne à quatre déclenchant la dynamique d’une Europe à 50. Les réussites du modèle fédéral germanique face au Covid 19 devraient pousser dans ce sens. Il serait alors temps de passer du slogan du Guerrier Solitaire à l’incarnation da la vision Euro-Mode Vie, pourtant robuste bien que mal expliquée.
L’Afrique a tout intérêt à exercer son influence dans ce sens pour au moins deux raisons :
Examinons à présent le rôle possible de la prospective dans la compréhension des ruptures provoquées par ce virus. Il faut saluer tous les efforts de projection de sa propagation et de quantification des effets socio-économiques, même si l’horizon reste assez limité et pour cause. Du point de vue de l’anticipation, ces exercices relèvent davantage de la modélisation sur la base de scénarios normatifs dont la robustesse se teste au jour le jour.
Il vaut mieux se tourner vers les exercices antérieurs de prospective globale et dont l’horizon dépasse 2020. Du fait de leur complexité, ces exercices sont rares ; tout au plus une dizaine en fermant les yeux sur ceux qui n’ont pas été conduit à leur terme (Monde en 2025), ou qui se limitent prudemment à une forme de trendométrique autour d’un scénario tendanciel et de variantes (tous les autres).
Le romantisme ambiant le suggère au point de nuire à tout effort d’anticipation. « Ils prédisent tous comme des malades et le monde entier une infirmerie ». Cette allusion à la métaphore gœthienne invite à la prudence avant d’administrer à haute dose des remèdes. C’est que ce virus ne touche pas seulement la personne et la communauté. Il attaque l’entreprise et l’état, met en danger l’organisation et la plateforme. Si la prise en charge des deux premières cibles ne soulève que des problèmes de logistique, il n’en est rien pour celle des autres - patients en déshérence et livrées à eux-mêmes en l’absence d’une « médecine du monde ».
Les cadres d’analyse issus de la prospective, de la forensique et de la cyndinique mobilisés avec des fortunes diverses peuvent sans doute aider à cette prise en charge. Avec discernement pour ne pas sombrer dans l’usage immodéré des qualificatifs chaos, catastrophe, tsunami, désastre, risque systémique, crise globale, grand confinement, fait social total, fléau, choc…
Quand la forensique transforme le monde-hôpital en salle des banquets
Cette profusion libère la pensée magique pour transformer chaque personne physique ou morale en patient et le monde entier en hôpital. Pourtant, en référence à l’analyse forensique et ce bien avant que le Covid 19 se propage, l’alerte avait été lancée les priant de blâmer les politiques publiques c’est-à-dire les experts en analyse de politique.
Il leur a même été recommandé de s’inspirer des médecins et à les traiter comme des patients en les dotant de boîtes à outils pour faire face à leurs besoins. Cet appel - lancé pratiquement au même moment où le virus commençait sournoisement à infecter - est resté sans suite.
Quand la forensique transforme le monde-hôpital en salle des banquets
Cette profusion libère la pensée magique pour transformer chaque personne physique ou morale en patient et le monde entier en hôpital. Pourtant, en référence à l’analyse forensique et ce bien avant que le Covid 19 se propage, l’alerte avait été lancée les priant de blâmer les politiques publiques c’est-à-dire les experts en analyse de politique.
Il leur a même été recommandé de s’inspirer des médecins et à les traiter comme des patients en les dotant de boîtes à outils pour faire face à leurs besoins. Cet appel - lancé pratiquement au même moment où le virus commençait sournoisement à infecter - est resté sans suite.
Alors que la propagation du virus n’en est qu’à ses début, le nombre d’états faillis, d’entreprise en faillite, d’organisations et de plateformes régionales, internationales délégitimées explose. A quoi ça sert donc d’assimiler ces derniers à des médecins alors que le plus lucides d’entre eux n’hésitaient pas à reconnaitre que leur communauté s’était enfermée dans une prison, engluée dans la dérive positiviste et cadenassée par la ceinture protectrice normative ?
Dans un monde transformé en hôpital, il vaut mieux pour y être admis disposer de banque centrale en mesure de larguer à partir d’hélicoptères des milliers de milliards de dollar et de bourse en mesure de guider les spéculateurs. Cette barrière à l’entrée ne sert en fait qu’à sélectionner ceux qui, une fois dans l’hôpital-monde, se comportent comme dans une salle de banquet et se servent sur la bête quitte à annuler quelques dettes par compassion. Ils auront tout le loisir de jouer sur le cycle financier mondial pour infliger aux autres des limites d’endettement en faisant évoluer le VIX dans le sens souhaité au risque d’accentuer les conflits d’intérêt entre les banquiers centraux et les agences de notation.
On aurait aimé que la recherche économique africaine - au lieu de s’étriper sur l’annulation de la dette - s’empare de ces questions pour mettre à nue les pratiques de capture du régulateur monétaire, mettre au point des grilles alternatives de notation durable. Rappelons au passage que ce sujet a été épuisé dans les années 60 quand pour contourner la censure des grandes puissances lui interdisant de toute référence au sous-développement au profit étapes de la croissance de Rostow, Samir Amin avait eu recours à la théorie du développement du sous-développement illustré par le cercle vicieux de l’accumulation primitive
La cyndinique et l’effet papillon au secours d’une françafrique obsolète
Le comble est atteint quand l’illusion de savoir d’où vient le danger réactive, au nom de la cyndinique, le régime de l’angoisse et la « guerre contre quoi ? ». Surement l’effet papillon déclenché par le contact entre une peau non caucasienne et une improbable écaille ? A tourner en dérision si cette image ne fleurissait pas dans les grands médias et les analyses du réseau de think tank considérés parmi les plus influents du monde et auxquels s'associent des cercles de recherche, des groupes de prospectives et toutes sortes d'institutions d'intelligence dont le CAPS n'est que le prolongement.
Cela en dit long sur l’impasse dans laquelle se trouve cette plateforme condamnée à rester biface sous l’effet du clash des visions « Deutsche Mark Uber Alles » contre « Europe Zone Franc en Plus Grand ». La réaction de la Cour Constitutionnelle allemande vient rappeler brutalement que l’Euro n’est que la traduction en globish du Mark. Aussi, il ne faut surtout pas sous-estimer ce passé qui ne passe pas du fait d’une succession de guerres meurtrières pendant plus d’un siècle et de lourdes indemnités partiellement remboursées avec les ressources des colonies.
Y-a-t-il un lien entre l’abandon des pénalités de guerre et l’émergence des nouvelles formes de colonisation au son d’indépendance cha-cha ? Il appartient à chacun de se faire un jugement sur la façon dont Ramses 2001 recycle la terminologie d’A. Martineau pour criminaliser les « failed states » en des termes à peine allusifs pour laisser entrevoir la possibilité d’une recolonisation en vue de créer : « des établissements politiques permanents et autonomes à l’égard des puissances locales, et donc dans la dépendance de centres de pouvoirs extérieurs aux territoires concernés » ?
Pourtant l’évolution vers une plateforme multi-face de ce que l’imagerie populaire réduit à la françafriquue est tout à fait possible avec d’innombrables externalités de réseau. Par exemple, faire du Brexit une opportunité pour que ce Royaume parti Uni revienne à quatre déclenchant la dynamique d’une Europe à 50. Les réussites du modèle fédéral germanique face au Covid 19 devraient pousser dans ce sens. Il serait alors temps de passer du slogan du Guerrier Solitaire à l’incarnation da la vision Euro-Mode Vie, pourtant robuste bien que mal expliquée.
L’Afrique a tout intérêt à exercer son influence dans ce sens pour au moins deux raisons :
- rompre cette corde faite de fibres tressées dont « la force … ne réside pas dans le fait qu'une fibre quelconque la parcourt en toute sa longueur, mais dans le recouvrement de nombreuse fibres" (Wittgenstein) et ainsi en finir avec cette Zone fcfa programmée pour durer une éternité ;
- anticiper la formation, à la suite d’un grand retournement même temporaire, d’une coalition chino-russo-amér-indienne qui à force de jouer à saute-mouton sur l’Europe et l’Afrique videra surtout cette dernière de toutes ses ressources.
De quelle rupture ce virus est-il le nom ?
Examinons à présent le rôle possible de la prospective dans la compréhension des ruptures provoquées par ce virus. Il faut saluer tous les efforts de projection de sa propagation et de quantification des effets socio-économiques, même si l’horizon reste assez limité et pour cause. Du point de vue de l’anticipation, ces exercices relèvent davantage de la modélisation sur la base de scénarios normatifs dont la robustesse se teste au jour le jour.
Il vaut mieux se tourner vers les exercices antérieurs de prospective globale et dont l’horizon dépasse 2020. Du fait de leur complexité, ces exercices sont rares ; tout au plus une dizaine en fermant les yeux sur ceux qui n’ont pas été conduit à leur terme (Monde en 2025), ou qui se limitent prudemment à une forme de trendométrique autour d’un scénario tendanciel et de variantes (tous les autres).
Titre | Authors | Horizon |
---|---|---|
A Global Forecast Global Trendometer Global Trends Global Risks Global Trends Transforming our World The World in | 2052 2040 2037 2035 2030 2030 2025 | Cambridge University EU Parliament NIC Atlantic Council ESPAS U.N EU Commission |
Examen critique
- Exercices réalisés entre 2003 et 2017 et dont l'horizon dépasse 2020
- Convergence sur les principales tendances démographique, environnementales, sociales et leurs conséquences sectorielles
- Spécification insuffisante des incertitudes, des enjeux et des défis
- Insuffisante prise en compte des signaux faibles et autres cygnes noirs en particulier des processus de transformation capacitaire à l’œuvre
DEFAUT D’ECHELLE
Sams Dine Sy, 2017
L’absence de grille permettant de tester leur robustesse constitue la principale lacune. En effet tout scénario doit traverser l’épreuve d’événements imprévisibles mais à fort impact généralement identifiés comme des facteurs de rupture (wild card). L’élaboration de cette grille est indissociable du séquençage tant multi-spatial que multi-temporel des exigences globales et de la construction d’échelles des incertitudes et des réponses.
Cette architecture de grande échelle ne sort pas du néant. La science des dangers et la théorie du chaos constituent des sources complémentaires utiles pour aller au-delà de cette première grille simple, mise au point en 2010 dans le cadre de l' exercice Uemoa 2030 en réponse à une « réquisition » de la Commission pour refouler l’opa amicale lancée par un lobby de la prospective et qui n’avait rien de mieux à proposer. Cette méthodologie globale réactualisée et illustrée est disponible en accès libre.Le passage en test se fait à l’aide d’une matrice des facteurs comprenant suffisamment de boîtes de réception pour classer la rupture selon qu’elle est radicale ou relative, destructrice ou créatrice. Pour être complet, ce passage doit se faire au niveau de chaque échelon, autant pour l’échelle des exigences que celle des réponses.
Les tests sur les mégatendances sont l’affaire des spécialistes des questions démographiques, environnementales et des cliomètres qui examinent l’impact de la rupture sur chaque tendance lourde mais aussi sur leur invariant, comme par exemple le vieillissement de la population, les événements extrêmes et la stagnation séculaire. Ces spécialistes ont besoin de beaucoup de recul pour mener les tests de robustesse.
Les autres échelons à tester sont de quatre types :
- les incertitudes radicales et les scénarios globaux ;
- les multiples dimensions de l’enjeu capacitaire, les acteurs majeurs en présence, la palette de jeu avec ses buts et cibles et la vision globale qui en découle ;
- -les défis et les options de transformation capacitaire disponibles tant au plan social, climatique, structurel et institutionnel, technologique et numérique ;
- les problèmes urgents et le passage à l’acte pour se protéger ou réduire autant que possible l’impact négatif.
Dans le cas d’espèce, il s’agit concrètement de savoir comment la pandémie affecte :
- la hiérarchie des incertitudes dont les formes de mondialisation en présence ;
- la marge de manœuvre des acteurs ;
- la capacité à réduire la menace à défaut de se protéger et à faire un saut qualitatif digital et fédéral ; enfin
- la capacité à éviter la disqualification immédiate.
Mais à ce stade, il ne devrait selon la matrice des wild cards s’agir que d’une rupture relative : créatrice dans la mesure ou la mondialisation inclusive se manifeste par davantage de solidarité et que la forme extensive se traduit - contre toute attente - par davantage de fragmentation des tâches au sein des chaînes de valeur. Elle est destructrice dans la mesure où la forme exclusive se matérialise par la stigmatisation de l’Afrique, de la peau noire qui serait vecteur de la transmission du virus, tandis que la forme intensive surgit avec la financiarisation et la dématérialisation à outrance jusqu’au sein des banques centrales, ouvrant la perspective de la disparition de monnaie papier au profit de la donnée comme unité de compte, réserve de valeur et instrument de paiement.
Nous sommes donc, pour la mondialisation, en présence de quatre scénarios, sans être en mesure à ce stade de dire lequel est le plus robuste. La vision et les options qui en découlent ne légitiment aucun des agendas politiques déroulés jusqu’ici.
Uniformiser la mondialisation, la peindre avec un préfixe ou l’arranger en actes n’améliorent en rien la compréhension des incertitudes et ne permet pas de disposer de scénarios globaux.
Sams Dine Sy, Mai 2020